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Monter une couche chaude

Dans le langage horticole, une couche est une accumulation de matières organiques destinée à produire de la chaleur en se décomposant. Quelques déchets verts, du fumier frais, des feuilles mortes et de la paille humide sont amassées sur une hauteur variant de 40 centimètres à plus d’un mètre. La largeur du tas dépendra bien sûr de la largeur de l’abri que vous allez monter ; il faut compter, en effet, 30 à 40 cm de plus de chaque côté. Pour un châssis de 1,20m de largeur, vous monterez une couche de 2 mètres de largeur.

Convenablement humectés, ces déchets sont ensuite mélangés le mieux possible à la fourche et mis en tas, en couches successives, jusqu’à la hauteur désirée. Au bout de quelques jours, la température s’élève et ce, jusqu’à un point maximum, encore appelé « coup de feu » : avec le fumier de cheval, cette température peut atteindre 70° C au bout de 10 à 15 jours. Deux semaines plus tard, on pourra procéder aux premiers semis ou plantations.

Sur cet amoncellement de matières, on dispose alors une épaisseur de 10 à 15 cm de terreau qui permettra de semer les graines ou de cultiver des plantes, sous un abri de cloches en verre ou de châssis vitrés. Il est également possible de monter des abris plastiques, comme des tunnels-chenilles, surtout pour les cultures des légumes primeurs comme les radis, les premières salades ou les carottes à forcer. On pourra aussi obtenir des plants de poireaux précoces ainsi que d’autres plants de légumes comme les tomates, les courgettes et les aubergines.

Pour une meilleure efficacité, et surtout pour réduire les pertes de chaleur, on peut confectionner cette couche en profondeur. Plus l’épaisseur des matières accumulées sera importante, plus la durée de restitution de la chaleur sera importante. A la fin de la saison, la couche sera démontée, et le terreau récupéré pourra ainsi servir comme couche de culture, ou tout simplement, pour améliorer la qualité de la terre des massifs ou du potager.

La confection des couches permet de cultiver ainsi des légumes primeurs et d’élever de plants de fleurs qui demandent justement un peu de chaleur pour croître correctement : n’oublions pas que c’est une énergie naturelle facile à mettre en œuvre.

Arrosage

arroseL’eau au jardin est une matière très précieuse. Les plantes sont très sensible à sa qualité. L’eau de pluie est de loin la plus recommandée, et il est très facile de s’en faire une réserve. Avec un récupérateur sur les gouttières de la maison et une citerne adaptée à ses besoins, nous pouvons fournir aux plantes les quantités dont elles ont besoin. Pour éviter des problèmes lors de son stockage, nous devons installer un filtre de sable avant la citerne et disposer dans celle-ci quelques morceaux de charbon de bois qui la gardera dans un parfait état pour l’utilisation au jardin.

Si toutefois les quantités d’eau nécessaires sont importantes, il peut être utile de voir si votre terrain ne dispose pas de cette richesse naturelle . L’aide d’un sourcier vous sera peut-être utile : il vous renseignera sur l’emplacement de la nappe et sur sa profondeur. L’eau de source est en général de bonne qualité, mais avant d’en boire vous-même, vérifiez si elle est potable.

[su_pullquote]Au jardin potager, l’eau du robinet n’est pas très recommandée. Très précieuse dans nos régions, elle est avant tout recommandée à l’utilisation humaine. Traitée pour cela, elle contient bon nombre d’éléments qui sont mal tolérés par les plantes, le chlore en particulier. Il n’est pas rare en effet de voir des cultures souffrir de chloroses ou présentant certains signes de faiblesse après des arrosages intensifs.[/su_pullquote]

Le moment choisi pour l’arrosage doit être choisi avec soin. En plein été, arroser sous le soleil et la chaleur ne rendra pas service aux plantes. Celles-ci , à cause de l’effet « loupe » des gouttes d’eau,  pourront présenter des brûlures et comme les plantes seront en phase d’évaporation de l’eau de leurs tissus, le bénéfice de cet arrosage sera dérisoire. En plus, le fait de mouiller abondamment le feuillage pourra entraîner un développement plus important des certaines maladies, dues à des champignons en particulier.

Le meilleur moment pour intervenir sera le matin, lorsque la chaleur ne sera pas encore installée, ou dans la soirée, les stomates des plantes s’ouvriront largement pour récupérer l’eau, et les racines auront toute le nuit devant elles pour faire le plein de cette précieuse énergie.

Les quantités d’eau à apporter ont aussi leur importance. Il vaut mieux , en effet, apporter une quantité plus importante d’eau pour que le sol soit bien pourvu en profondeur, plutôt que d’en apporter de façon parcimonieuse et de ne mouiller que quelques centimètres de terre : les racines resteront à la surface du sol et la plante sera très rapidement soumise aux moindres variations de l’hygrométrie du sol .

Un peu de chimie organique…

bleakerComme tous les êtres vivants, les plantes ont besoin pour leur développement d’éléments chimiques et d’oligo-éléments. Ces éléments sont indispensables, voire vitaux dans certains cas, mais leur excès est également néfaste.

L’azote aide au développement foliaire et à la formation des rameaux à bois : il a un rôle très important dans la synthèse des protéines. On peut faire des apports en azote avec du fumier notamment.

La potasse et l’acide phosphorique aident à la constitution des tissus, favorisent la fécondation des fleurs, la formation du sucre chez les arbres fruitiers, de même que la maturation et la conservation des fruits.  Ils peuvent corriger les inconvénients inhérents à un excès d’azote et ils assurent la maturation du bois. On peut se procurer de la potasse auprès des distributeurs spécialisés et faire des apports en phosphore avec du fumier.

Le bore stimule la fertilité, active la fructification, permet de diminuer la consommation en eau, augmente la résistance face au gel et chez les légumineuses, il améliore la fixation d’azote dans les plantes.

Le cuivre renforce les parois des cellules, stabilise la chlorophylle et stimule la germination et la croissance. Il joue aussi un rôle dans la diminution des nitrites en favorisant l’assimilation de l’azote. On peut faire des apports en cuivre avec une dilution de cet élément, par exemple la bouillie bordelaise.

Le fer, qui est un des éléments essentiels de la chlorophylle, stimule la photosynthèse, favorise la respiration et intervient dans la production de l’énergie et dans son transport. Le purin d’orties est riche en fer.

Le molybdène, en réduisant l’accumulation des nitrates, favorise la fixation de l’azote chez les légumineuses et stimule la production de protéines en augmentant la production de chlorophylle.

Le zinc, tout en stabilisant le Ph des cellules, stimule la croissance précoce et le développement ses fruits. Il permet aussi à la plante de mieux se défendre contre ses ennemis par une augmentation de la production des phytohormones.

Le magnésium est très lié à l’absorption de l’eau par la plante, il stabilise les membranes cellulaires et stimule l’accumulation des lipides, des protides et des sucres. Il a aussi un rôle important dans l’assimilation et le transport du phosphore. On peut faire des apports de magnésium avec le lithothamme, le purin d’orties et le patenkali.

Le calcium améliore la vie des cellules de la plante en favorisant leur multiplication et leur fonctionnement. On peut faire des apports de calcium avec le lithothamme et le purin d’orties.

Travaux d’automne au jardin

A l’automne, nous préparons l’hivernage du jardin, c’est le moment du grand nettoyage. Il est vrai que le jardin est un grand producteur de déchets organiques de toutes sortes : tontes de gazon, fleurs fanées, plantes mortes, tailles d’arbustes et de haies, plantes adventices, feuilles mortes,… .

Deux solutions s’offrent à nous : soit les évacuer vers la déchetterie, et participer à l’engorgement de celle-ci, soit adopter une attitude plus citoyenne et respectueuse de l’environnement en les recyclant nous-même : les déchets du jardin vont nous servir à enrichir le sol et à protéger celui-ci.

Les déchets de taille de haies et d’arbustes fournissent un très grand volume de déchets. Ils sont très difficiles à composter tels quels et, mis en tas, ils se décomposent très mal : la solution consiste à les broyer plus ou moins finement, afin dans un premier temps de réduire considérablement leur volume. Sous cette forme, ils peuvent être utilisés sous forme de paillage : plus grossiers que les tontes de gazon, ils vont avoir l’avantage de durer plus longtemps, car, riches en lignine, ils se décomposent beaucoup moins vite.

On peut aussi les utiliser en couvre-sol du potager pendant la mauvaise saison : ils peuvent remplacer les engrais verts et seront enfouis au printemps pour enrichir le sol. On pourra aussi les stocker à l’abri pour les utiliser dans le compost en mélange avec les déchets verts riches en eau, au fur et à mesure que l’on voudra composter ceux-ci.

Les feuilles mortes peuvent aussi servir de protection au sol pendant l’hiver. Toutefois, certaines feuilles très dures demandent à être broyées à la tondeuse avant de les composter.

Le P.T.B.

Dans notre monde moderne, les abréviations sont de mise. L’industrie chimique a développé toute une gamme de produits pour l’agriculture et créé de nombreux insecticides ou désherbants : le DDT, le 2.4.D, le 2.4.5.T,….

manche_2Il existe toutefois une molécule, créée par l’homme depuis des siècles, et qu’il ne faut pas oublier : le P.T.B.( en français : Prend ta Binette). Non seulement elle ne nuit pas à l’environnement, mais en plus, elle procure un exercice physique qui peut faire beaucoup de bien alors que nous menons une vie de plus en plus sédentaire grâce au progrès.

En déplaçant les mauvaises herbes, en coupant leurs racines et en les exposants aux rayons du soleil, nous entravons leur développement et nous les détruisons. Dans le même temps, nous aérons le sol, favorisons la vie microbienne de celui-ci et nous limitons l’évaporation de l’eau du sol. Les adventices peuvent aussi servir à alimenter le bac à compost, à condition toutefois qu’elles ne soient pas montées à graines.

Par son emploi, nous réduisons la dose de pesticides dans le sol et dans l’eau. Et puis, pendant son utilisation, nous voyons nos plantes de plus près, nous pouvons mieux voir les problèmes auxquelles elles peuvent être confrontées et nous pouvons agir sans attendre. Le P.T.B. est aussi une façon d’économiser l’eau d’arrosage.

Jean-Pierre Calvar