L'encyclopédie du jardinage au naturel

Le colza

C’est une crucifère à enracinement profond et à croissance rapide. Elle craint surtout la sécheresse, surtout en début de végétation, mais elle continue à pousser pendant l’hiver. Elle fournit une végétation importante et utilise au maximum l’azote non utilisé par la culture précédente. Du fait de sa rusticité, elle peut se semer jusqu’au mois de novembre à la dose de 150 grammes pour 100 m².

La phacélie

C’est l’engrais vert par excellence. De grande végétation avec un système racinaire très développé, elle est sensible aux grands froids. De croissance rapide, c’est aussi une plante très mellifère qui peut se semer jusqu’en septembre à la dose de 150 grammes pour 100 m². N’appartenant à aucune famille de légumes, cette plante ne pose aucun problème de rotation des cultures.

A propos de l’auteur

Né il y a près de soixante ans dans une famille d’agriculteurs au cœur de la Bretagne, j’ai connu l’évolution de l’agriculture bretonne. Des travaux des champs avec les chevaux à l’ère d’aujourd’hui, j’ai pu traversé les profonds bouleversements de cette agriculture où les Bretons ont mené à bien la tâche qui leur avait été confiée après guerre : nourrir la France, et ce par tous les moyens mis à disposition pour la technologie moderne.

Au cours de mes études horticoles (BTSA Pépinières – Jardins Espaces Verts), j’ai  été formé à cette méthode productiviste où les plantes et les animaux sont poussés à grands coups d’engrais et de produits chimiques, où les ravageurs et les maladies doivent être éradiqués coûte que coûte.

Au cours de ma vie, j’ai traversé différents milieux professionnels, 4 années au service espaces verts d’une grande commune de l’Ouest, puis 10 ans comme entrepreneur du paysage et pépiniériste, et depuis toujours l’enseignement technique et professionnel.

Il y a vingt ans de cela, alors que j’étais jeune enseignant, j’ai pu constater les premiers dégâts dans la nature sous forme de nitrates dans l’eau, puis les chercheurs ont mis en évidence des traces de pesticides dans l’eau et les produits alimentaires ; de tous côtés, on s’est mis à tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences de ces produits pour la santé humaine. Ce faut pour moi l’occasion de m’interroger sur nos méthodes de travail et le respect du pacte fondamental avec la nature nourricière.

En la modifiant par nos méthodes, en déséquilibrant les chaînes alimentaires de base, on a rompu un équilibre fragile et nous en payons aujourd’hui le prix. Revenons aux fondamentaux, apprenons à nous servir de ce que la nature nous apporte et elle nous le rendra.

Depuis près de 40 ans, j’apporte régulièrement ses conseils auprès des jardiniers amateurs lors de conférences ou de sessions sur le terrain et je répète inlassablement le même message :  .que ce soit au potager, au jardin fruitier, au jardin d’ornement, les méthodes naturelles sont indispensables. En les appliquant, non seulement nous récoltons des produits sains mais nous respectons la biodiversité et nous travaillons en bonne entente avec la Nature et notre environnement..

Jean-Pierre Calvar

 

Le fumier

Elément fertilisant naturel utilisé depuis très longtemps dans nos campagnes, le fumier résulte de la décomposition partielle des litières des animaux d’élevage, mélangées à leurs déjections solides et liquides. Les plus communs sont les fumiers de bovins et de porcs, mais il ne faut surtout pas négliger les fumiers de cheval, de mouton, de volaille et même de lapin.

Contrairement à la plupart des déchets végétaux, un fumier de bonne qualité est riche en cellulose et en lignine, deux molécules organiques difficiles à dégrader. Le fumier se décompose beaucoup plus lentement que les algues et il contient beaucoup d’humus stable ; c’est ce qui explique sa capacité à améliorer la structure d’un sol : en floculant, il permet la constitution de petits agrégats qui vont retenir les minéraux et favoriser la perméabilité  à l’air et à l’eau.

Comme les algues, le fumier apporte au sol une quantité d’éléments fertilisants, que ce soit les éléments majeurs (azote, phosphore, potasse) ou des oligo-éléments en quantité non négligeable : suivant la provenance du fumier, ces quantités vont varier quelque peu.

Le plus riche, mais aussi sans doute le plus difficile à trouver, c’est le fumier de cheval : il se fragmente plus facilement que le fumier de bovin et il convient mieux aux terrains lourds et argileux. Il est aussi idéal pour la confection des couches chaudes, en mélange avec des déchets verts pour augmenter la fermentation : l’augmentation de la température permettra ainsi de hâter la production de légumes et de plants de fleurs pour le printemps.

Le fumier de volaille, bien que déséquilibré ( il est très riche en azote et en acide phosphorique), ne doit pas être utilisé directement : il doit subir un compostage avec d’autres déchets végétaux pour être assimilable par les plantes. Sans cette précaution, les racines seront brûlées à son contact et la croissance des plantes sera compromise.

Le fumier de bovin est plus froid que le fumier de cheval, mais il est plus consistant ; plus lourd, il sera à son avantage pour la fertilisation des terres sableuses à qui il donnera du « corps »et il se décomposera plus lentement. Il améliorera aussi sensiblement la capacité de rétention en eau du terrain.

Le fumier de mouton présente des caractéristiques analogues à celui de bovin, il sera plutôt recommandé en terre argileuse tandis que le fumier de porc  est plus compact. Le fumier de lapin s’emploiera après un compostage de quelques mois.

Compositions moyennes de différents fumiers (en % de matière fraîche) :

 

Type Matièreorganique Eau N P2O5 K2O CaO
Cheval 24-28 68-74 0,5-0,7 0,5-0,7 0,2-0,7 0,6-1
Ovins 23-27 60-65 0,7-1 0,2-0,4 0,7-0,9 0,6-1
Bovins 16-20 74-80 0,3-0,6 0,2-0,3 0,4-0,6 0,6-1
Porcins 14-20 70-77 0,3-0,6 0,1-0,3 0,5-0,7 0,4-0,8
Volailles 10-20 50-60 1,6-2 1,5-1,8 0,8-1 2-2,5

 

La meilleure utilisation des fumiers consiste en un compostage de quelques mois en tas, remué de temps en temps pour activer l’activité biologique, et pour parvenir à l’obtention d’une pâte brune, très riche en humus ; épandu en fin d’hiver, avant d’être incorporé au sol, il sera directement utile aux plantes.

Une autre pratique se rencontre souvent : le fumier est étalé frais sur le sol dès la fin de la culture et il va rester sur le sol pendant plusieurs mois avant d’être enfoui. Dans ces conditions, il va se dégrader lentement et il protègera aussi le sol contre le lessivage du à la pluie et il va développer l’activité biologique du sol en surface, permettant ainsi un échange plus rapide des éléments fertilisants.

Au jardin d’ornement, il peut aussi être employé comme paillage des massifs de vivaces et d’arbustes pendant l’hiver : non seulement, il va apporter des éléments nutritifs utiles aux plantes, mais en plus, il va leur offrir une protection supplémentaire contre les effets du froid : les frileuses apprécieront…

A l’heure d’aujourd’hui, il est devenu bien difficile de se procurer de tels trésors, du moins à l’état frais. On pourra alors se rabattre  sur des fumiers déshydratés, compostés, disponibles en sacs dans le commerce. Ils n’apportent en fait que peu d’humus au sol et leur action sur l’amélioration physique des terres légères est pratiquement nulle.

Le lithothamme

C’est une algue marine calcaire (Lithothammium calcareum). Elle est riche en calcium (45%), magnésium (6 à 10%) et en oligo-éléments. Elle s’emploie notamment pour corriger le Ph des sols.

Il s’emploie aussi, dans sa forme micronisée, en fertilisation foliaire des plantes. Il a aussi une action de renforcement de la résistance des plantes face aux maladies, contre les champignons en particulier.

En correction du Ph du sol, le lithothamme s’emploie à la dose de 50 Kgs pour 1000m², avec un épandage à l’automne et un autre au printemps. Il est important de bien fractionner les apports pour ne pas provoquer de blocage au niveau du sol.

Pour la fertilisation du potager, nous ferons un apport annuel au printemps, lors de la préparation du sol, pour compenser les exportations de calcium par les cultures. Le calcium du sol permet aux légumes de mieux résister aux maladies, en particulier celles dues aux champignons. En améliorant aussi le taux de matières sèches, il augmente la durée de conservation hivernale.

De plus, le lithothamme nous permet de ne plus utiliser les produits à base de cuivre, dangereux pour notre santé, notamment dans le traitement du mildiou sur les cultures de pomme de terre et de tomates. Il faut l’utiliser en poudrage léger, au petit matin, lorsque les plantes sont recouvertes de rosée. En se diluant dans l’eau qui recouvre les feuilles, le calcium pénètre dans les cellules au travers des stomates et va ainsi empêcher le champignon parasite de s’installer. Ce poudrage devra être répété tous les 10 jours, en fonction des conditions climatiques.

Pour les arbres fruitiers, nous ferons également un apport de lithothamme en fin d’hiver. Cela permettra aussi aux arbres de mieux résister aux maladies cryptogamiques et cela améliorera la qualité gustative des fruits. Autre effet non négligeable, cet apport permet de diminuer le développement du lichen sur le tronc et les branches de l’arbre. On peut aussi effectuer un poudrage de l’arbre en cours de végétation lorsque celui-ci est humide ; cela limitera en plus le développement des pucerons.

Autre application non négligeable, le traitement de la mousse dans le gazon : en réalisant deux épandages de lithothamme, au printemps et à l’automne, on arrive à diminuer le développement de celle-ci. Le lithothamme agit de plusieurs façons : il aura une influence très positive sur la floculation de l’argile, ce qui va améliorer le drainage du terrain et diminuer le taux d’humidité de celui-ci. En renforçant le taux de calcium du sol, les mousses ont plus de difficultés pour s’installer et finissent par disparaître.

Nous utilisons aussi le lithothamme dans la fabrication des différents purins ou macérations : en apportant une poignée de poudre dans un seau de 10 litres, nous renforçons l’action du purin sur les plantes par un apport supplémentaire de calcium et surtout, nous supprimons le désagrément principal de ces fabrications, l’odeur parfois nauséabonde.