Un peu de chimie organique…
Comme tous les êtres vivants, les plantes ont besoin pour leur développement d’éléments chimiques et d’oligo-éléments. Ces éléments sont indispensables, voire vitaux dans certains cas, mais leur excès est également néfaste.
L’azote aide au développement foliaire et à la formation des rameaux à bois : il a un rôle très important dans la synthèse des protéines. On peut faire des apports en azote avec du fumier notamment.
La potasse et l’acide phosphorique aident à la constitution des tissus, favorisent la fécondation des fleurs, la formation du sucre chez les arbres fruitiers, de même que la maturation et la conservation des fruits. Ils peuvent corriger les inconvénients inhérents à un excès d’azote et ils assurent la maturation du bois. On peut se procurer de la potasse auprès des distributeurs spécialisés et faire des apports en phosphore avec du fumier.
Le bore stimule la fertilité, active la fructification, permet de diminuer la consommation en eau, augmente la résistance face au gel et chez les légumineuses, il améliore la fixation d’azote dans les plantes.
Le cuivre renforce les parois des cellules, stabilise la chlorophylle et stimule la germination et la croissance. Il joue aussi un rôle dans la diminution des nitrites en favorisant l’assimilation de l’azote. On peut faire des apports en cuivre avec une dilution de cet élément, par exemple la bouillie bordelaise.
Le fer, qui est un des éléments essentiels de la chlorophylle, stimule la photosynthèse, favorise la respiration et intervient dans la production de l’énergie et dans son transport. Le purin d’orties est riche en fer.
Le molybdène, en réduisant l’accumulation des nitrates, favorise la fixation de l’azote chez les légumineuses et stimule la production de protéines en augmentant la production de chlorophylle.
Le zinc, tout en stabilisant le Ph des cellules, stimule la croissance précoce et le développement ses fruits. Il permet aussi à la plante de mieux se défendre contre ses ennemis par une augmentation de la production des phytohormones.
Le magnésium est très lié à l’absorption de l’eau par la plante, il stabilise les membranes cellulaires et stimule l’accumulation des lipides, des protides et des sucres. Il a aussi un rôle important dans l’assimilation et le transport du phosphore. On peut faire des apports de magnésium avec le lithothamme, le purin d’orties et le patenkali.
Le calcium améliore la vie des cellules de la plante en favorisant leur multiplication et leur fonctionnement. On peut faire des apports de calcium avec le lithothamme et le purin d’orties.
Travaux d’automne au jardin
A l’automne, nous préparons l’hivernage du jardin, c’est le moment du grand nettoyage. Il est vrai que le jardin est un grand producteur de déchets organiques de toutes sortes : tontes de gazon, fleurs fanées, plantes mortes, tailles d’arbustes et de haies, plantes adventices, feuilles mortes,… .
Deux solutions s’offrent à nous : soit les évacuer vers la déchetterie, et participer à l’engorgement de celle-ci, soit adopter une attitude plus citoyenne et respectueuse de l’environnement en les recyclant nous-même : les déchets du jardin vont nous servir à enrichir le sol et à protéger celui-ci.
Les déchets de taille de haies et d’arbustes fournissent un très grand volume de déchets. Ils sont très difficiles à composter tels quels et, mis en tas, ils se décomposent très mal : la solution consiste à les broyer plus ou moins finement, afin dans un premier temps de réduire considérablement leur volume. Sous cette forme, ils peuvent être utilisés sous forme de paillage : plus grossiers que les tontes de gazon, ils vont avoir l’avantage de durer plus longtemps, car, riches en lignine, ils se décomposent beaucoup moins vite.
On peut aussi les utiliser en couvre-sol du potager pendant la mauvaise saison : ils peuvent remplacer les engrais verts et seront enfouis au printemps pour enrichir le sol. On pourra aussi les stocker à l’abri pour les utiliser dans le compost en mélange avec les déchets verts riches en eau, au fur et à mesure que l’on voudra composter ceux-ci.
Les feuilles mortes peuvent aussi servir de protection au sol pendant l’hiver. Toutefois, certaines feuilles très dures demandent à être broyées à la tondeuse avant de les composter.
Le patenkali
Issus de gisements naturels, ce sont en général des roches broyées.
Le patenkali convient pour tous les sols. C’est un engrais naturel très soluble, riche en potasse et en magnésium. Il demande à être employé en cours de culture, car son assimilation est très rapide. On l’utilise à la dose de 3 Kgs pour 100 m².
Le colza
C’est une crucifère à enracinement profond et à croissance rapide. Elle craint surtout la sécheresse, surtout en début de végétation, mais elle continue à pousser pendant l’hiver. Elle fournit une végétation importante et utilise au maximum l’azote non utilisé par la culture précédente. Du fait de sa rusticité, elle peut se semer jusqu’au mois de novembre à la dose de 150 grammes pour 100 m².
La phacélie
C’est l’engrais vert par excellence. De grande végétation avec un système racinaire très développé, elle est sensible aux grands froids. De croissance rapide, c’est aussi une plante très mellifère qui peut se semer jusqu’en septembre à la dose de 150 grammes pour 100 m². N’appartenant à aucune famille de légumes, cette plante ne pose aucun problème de rotation des cultures.
A propos de l’auteur
Né il y a près de soixante ans dans une famille d’agriculteurs au cœur de la Bretagne, j’ai connu l’évolution de l’agriculture bretonne. Des travaux des champs avec les chevaux à l’ère d’aujourd’hui, j’ai pu traversé les profonds bouleversements de cette agriculture où les Bretons ont mené à bien la tâche qui leur avait été confiée après guerre : nourrir la France, et ce par tous les moyens mis à disposition pour la technologie moderne.
Au cours de mes études horticoles (BTSA Pépinières – Jardins Espaces Verts), j’ai été formé à cette méthode productiviste où les plantes et les animaux sont poussés à grands coups d’engrais et de produits chimiques, où les ravageurs et les maladies doivent être éradiqués coûte que coûte.
Au cours de ma vie, j’ai traversé différents milieux professionnels, 4 années au service espaces verts d’une grande commune de l’Ouest, puis 10 ans comme entrepreneur du paysage et pépiniériste, et depuis toujours l’enseignement technique et professionnel.
Il y a vingt ans de cela, alors que j’étais jeune enseignant, j’ai pu constater les premiers dégâts dans la nature sous forme de nitrates dans l’eau, puis les chercheurs ont mis en évidence des traces de pesticides dans l’eau et les produits alimentaires ; de tous côtés, on s’est mis à tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences de ces produits pour la santé humaine. Ce faut pour moi l’occasion de m’interroger sur nos méthodes de travail et le respect du pacte fondamental avec la nature nourricière.
En la modifiant par nos méthodes, en déséquilibrant les chaînes alimentaires de base, on a rompu un équilibre fragile et nous en payons aujourd’hui le prix. Revenons aux fondamentaux, apprenons à nous servir de ce que la nature nous apporte et elle nous le rendra.
Depuis près de 40 ans, j’apporte régulièrement ses conseils auprès des jardiniers amateurs lors de conférences ou de sessions sur le terrain et je répète inlassablement le même message : .que ce soit au potager, au jardin fruitier, au jardin d’ornement, les méthodes naturelles sont indispensables. En les appliquant, non seulement nous récoltons des produits sains mais nous respectons la biodiversité et nous travaillons en bonne entente avec la Nature et notre environnement..